Les arguments d’hier ne sont pas ceux d’aujourd’hui
Or, ces derniers mois, le Président Spinetta n’avait cessé de répéter aux élus du CCE, qu’au grand jamais, Air France n’envisageait de créer sa propre low cost . En décembre 2005, Pierre Henri Gourgeon, DG AF, déclarait (un tantinet agacé) : « Pas de low cost chez Air France, on le dit depuis 5 ans, d’ailleurs BA a vendu Buzz, Delta a fusionné sa filiale low cost avec elle -même, etc ...etc ». Un chef d’entreprise c’est comme un politicien professionnel, leurs promesses ne valent que pour ceux et celles qui y croient !
Aujourd’hui, changement radical de cap : AF doit aller sur le marché loisirs car « les compagnies low costs en Europe progressent sur tous les marchés ...dans une situation concurrentielle sur le marché loisirs moyen courrier en France ».
Faut-il « tuer » les compagnies low costs ?
Remettons les pendules à l’heure : les compagnies low costs sont le produit de la déréglementation aérienne mondiale, modèle économique tant vanté par nos dirigeants depuis plus de 20 ans. En conséquence, gémir aujourd’hui sur la concurrence « déloyale » qu’elles génèrent est plutôt paradoxal.
Certains à Air France - et parmi eux quelques syndicats - se félicitent déjà de cette déclaration de guerre.
Ce n’est pas le cas de SUD Aérien car, dans ces sociétés, travaillent des centaines de salariés.
Comme nous n’avons pas voulu la mort d’AOM, d’Air Liberté ou de TAT, nous ne cherchons pas la mort de Ryannair ou d’Easy Jet et surtout pas les centaines de licenciements qui ne manqueront pas d’accompagner les faillites et les dépôts de bilans !
La récente histoire du transport aérien prouve assez que ce sont les salariés les premières victimes des luttes pour l’hégémonie !
Le périmètre d’Air France n’est pas garanti
Déjà, 2 lignes régulières (Naples et Marrakech), actuellement effectuées en moyens propres par AF, sont confiées à la filiale. Qui nous garantit que demain, l’ensemble du moyen courrier et du domestique ne sera pas transféré à la filiale low cost ... et les personnels avec, AF conservant le Long courrier à haute contribution ?
Science fiction ? Catastrophisme ? A entendre le PDG pas vraiment : car après avoir assuré que le périmètre de cette future filiale était une « véritable question », il a affirmé aux élus du CCE que « le périmètre était défini et a priori pérenne » .... mais qu’il pourrait « éventuellement évoluer ». Mais, pas de panique, « les organisations syndicales seraient alors consultées » !
Si donc le maintien de l’activité des personnels au sol est loin d’être garanti, ce n’est pas le cas pour celle du PNT ! Air France dit vouloir respecter les accords signés avec les syndicats de pilotes afin de maintenir leurs volumes d’activité en heures de vol. Ce qui est valable pour une catégorie de personnels doit l’être pour toutes !
Low cost AF = conditions de travail et de rémunération low costs
La direction affirme que « pour faire concurrence aux autres compagnies à bas coûts », Air France a besoin d’une « solution performante en matière de coûts » ! Ainsi, au siège kilomètre offert ( SKO ), la future filiale Transavia.com d’Air France coûtera moins cher que la filiale Transavia.com de KLM grâce, entre autres, à des niveaux de salaires inférieurs à ceux de nos collègues néerlandais. « Les conditions d’emploi et de travail seront comparables à celles pratiquées en France sur le marché Loisirs ».
Ainsi, pas question pour la direction de confier le traitement et la maintenance des vols à des agents AF : trop chers !
Les 400 créations d’emplois au sol annoncés par Air France à l’horizon 2009 à Orly Sud seront donc des emplois de sous-traitants, sous-payés, même pas rattachés au minimum social de la Convention collective du transport aérien.
Mais attention : le contre modèle social appliqué aux salariés des low costs peut assez rapidement devenir une norme sociale pour Air France !
Dans un premier temps, SUD Aérien mettra tout en œuvre pour que les futurs salariés de Transavia.com ne soient pas victimes de ce moins-disant social, que nous refusons d’accepter comme processus soi-disant inévitable pour une « solution performante en matière de coûts ».