Swissport, société d’assistance à l’aéroport Roissy Charles De Gaulle
ON A RIEN LACHE … ET ON A GAGNE !
Depuis quelques années, nous constatons deux tendances lourdes au sein de l’économie du transport aérien sur les aéroports dans les sociétés de sous-traitance.
Précarisation croissante :
Ces salariés ( des dizaines de milliers rien que sur Roissy CDG ) sont de plus en plus soumis à une précarisation croissante : conséquence de l’incertitude de la reconduction des contrats qui fait que les marchés obtenus par ces sociétés peuvent être perdus quasiment d’une année sur l’autre et conséquence des politiques sociales menées dans un nombre grandissant de ces sociétés au sein desquelles travaillent parfois 50 % de salariés intérimaires et de CDD.
Menace de retrait du badge d’accès aéroportuaire lors d’actions revendicatives
SUD Aérien dénonce depuis des années, le scandale de cette dérive liberticide générée par les attributions ou renouvellements de badges d’accès en zones réservées par la préfecture, sur la base des données recueillies par la Police de l’Air et des Frontières après consultation des fichiers STIC. Ces fichiers accumulent des données plus ou moins fiables et rarement actualisées. La CNIL et la LDH demande depuis des années à l’Etat de revoir et apurer ces fichiers.
Ainsi, des dizaines de salariés perdent leur accréditation pour les badges et donc leur emploi ; la plupart du temps pour des faits ou infractions souvent mineurs répertoriés dans les fichiers STIC, parfois jugés par des tribunaux, avec comme conséquence la mise en place de véritables interdits professionnels imposés par la préfecture.
Rappelons qu’à l’origine les enquêtes sur les salariés devant accéder en zones réservées étaient la conséquence de mesures de prévention de tout acte de terrorisme.
Depuis des années, des salariés se voient refuser les badges pour des infractions sans commune mesure avec le risque terroriste, parfois les arguments avancés confinent au grotesque.
En fait, nous assistons à une véritable tentative de normalisation hautement discriminante des profils psycho-sociaux des salariés concernés par l’attribution des badges, ce qui se traduit également par une « double peine » pour les salariés déjà condamnés par les tribunaux pour les faits reprochés.
Une certaine confusion des genres concernant les attributions et prérogatives des institutions économiques, politico-administratives et régaliennes, notamment lors des conflits sur l’aéroport de Roissy nous a contraint à plusieurs recours au Tribunal Admistratif pour obtenir la stricte application de la loi.
C’est ce que vivent actuellement les salariés des sociétés Trac-Piste et Trafic Air Service, société d’assistance sur l’aéroport Roissy Charles De Gaulle. Ils ont été récemment transférés vers la société Swissport suite à une perte de marché. Swissport refuse le transfert d’une soixantaine de salariés qui risquent de se retrouver au chômage.
Quatre salariés ont été licenciés et cinq autres ont été mis à pied, dont des syndicalistes SUD Aérien, en attente d’un licenciement. Ces mesures de rétorsion ne sont plus acceptables par des salariés qui attendent effectivement un changement dans les politiques sociales menées au sein des sociétés d’assistance aéroportuaire.
Le Tribunal de grande Instance de Bobigny saisi par SUD Aérien et la CFTC a tranché par l’ordonnance du 30 Juillet 2012 et oblige la société Swissport d’appliquer strictement l’article L. 1224 - 1 du Code du travail et donc que les contrats de travail des salariés transférés avec « toutes leurs conséquences de droit » ( salaires et rémunérations, primes, accords collectifs …) doivent subsister dans la nouvelle société. Décision applicable sous astreinte pour Swissport dans les 5 jours suivant le rendu de l’ordonnance d’un montant de 300 € par jour de retard et par salarié.
C’est une belle victoire, fruit d’une mobilisation collective et d’un combat qui s’est mené sur tous les terrains : sur le lieu de travail par les grèves, sur le plan juridique devant les tribunaux, utilisation des réseaux sociaux ( internet ), interpellation des pouvoirs publics et patronaux ( action au siège du MEDEF , Préfet du 93, ministère des transports, média … )
SUD Aérien tient à féliciter tous ceux qui n’ont pas lâché l’affaire en se mobilisant depuis le début et particulièrement ceux qui sont toujours dans l’action, pour défendre leurs revendications mais aussi leur dignité de salariés, refusant d’être considérés comme des moutons menés à l’abattoir …
Nous avons gagné une belle bataille, mais la guerre n’est pas finie :
En effet, Swissport a la possibilité de dénoncer certains « usages » ( plannings, etc… ) et surtout, nous avons quatre de nos collègues qui ont été licenciés abusivement « pour l’exemple » et dont nous devons obtenir la réintégration !
Dans un récent courrier aux salariés, SWISSPORT a le culot d’écrire :
- « cette activité générait beaucoup de pertes, il n’est pas possible de continuer ainsi ! ». Pourquoi cette société a-t-elle cassé les prix pour remporter l’appel d’offres ? Avait-elle l’intention délibérée de ne pas appliquer le Code du Travail pour mieux exploiter les salariés ? Ce n’est pas aux salariés de payer maintenant mais à Swissport.
- "Il n’y aura ni passe-droits ni favoritisme pour personne …. Ni le fait d’être proche de tel ou tel, ni le fait de crier haut et fort ne sera valorisé ». Foutage de gueule, dès la reprise la direction a « acheté » plusieurs salariés en leur proposant des promotions et des plannings à la carte, alors qu‘une soixantaine de collègues ont refusé le transfert du à la soi-disant impossibilité de conserver leur planning !
- « …nous avons entendu que nous refusions le dialogue social, il n’en est rien » Ah bon ? cela fait plus de deux mois que nous demandons la tenue d’une « table ronde » pour négocier, sans réponse nous avons donc été obligé de saisir le Préfet du 93 pour qu’une réunion puisse se tenir.
- Enfin, concernant le jugement du TGI de Bobigny :
« Cette décision NE CHANGE RIEN EN RIEN notre volonté de faire régner la discipline … » En clair, la direction s’assoit sur le jugement du tribunal ( ???) et nous la joue patron de combat … sauf que le problème n’est pas la « discipline » mais l’entourloupe qu’elle a voulu imposée aux salariés pour que le « coût social » du transfert soit le plus bas possible, cette phrase ne fait peur qu’aux moutons … et encore !