Vers un baril à 50 $ ?

Il faut désormais apprendre à vivre avec un pétrole cher. Car l’offre restera limitée, tandis que la demande mondiale s’envole

C’est une étude concise, publiée au creux de l’été par la banque CDC Ixis. En trois pages, l’analyste spécialisé Moncef Kaabi y explique avec une grande clarté pourquoi le baril de brut se dirige « vers les 50 dollars à la fin de 2005 » ! Diable : la flambée pétrolière ne serait donc pas due à une spéculation irrationnelle et sporadique, comme on l’entend ici ou là. Il ne s’agirait en rien d’un accident de parcours, mais plutôt d’une tendance de fond.

Pour Moncef Kaabi le point crucial – structurel – est que « la capacité de production mondiale maximale, connue à ce jour, est quasiment atteinte » ! Selon lui, l’Opep, qui a produit 29,2 millions de barils par jour en juin 2004, et qui était la seule à pouvoir réguler le marché en augmentant sa production, « ne dispose actuellement plus assez de capacité additionnelle » pour casser les anticipations de hausse.
Les promesses saoudiennes d’ouvrir davantage les vannes ne suffisent apparemment pas à peser sur le marché.

Quelles conséquences le pétrole cher aura-t-il sur nos économies ?
Les optimistes rappellent qu’en monnaie courante le baril est loin de ses pics historiques, et que notre pétro-dépendance n’a cessé de décroître : pour produire 1000 milliards de dollars de PIB aux Etats-Unis dans les années 1970, il fallait environ 180 millions de tonnes de pétrole, aujourd’hui il n’en faut plus que 85.

Pourtant d’autres observateurs, de plus en plus nombreux y compris outre-Atlantique, redoutent un fort ralentissement. « La hausse du pétrole nourrit l’inflation, qui rogne sur les salaires réels : en zone euro, ils ont baissé de 0,5% de septembre 2003 à mars 2004, souligne Alain Brunet, de la banque HSBC CCF. Or, avec un pouvoir d’achat en diminution, comment voulez-vous que les gens soutiennent la consommation, moteur principal de la croissance ? »