La justice saisie de la reprise ratée d’Air Littoral
lundi 29 mars 2004.
Comme les 597 salariés d’Air Littoral, Pierre Mouselli y a cru. Le directeur général de Logitair, important prestataire de services de l’ex-compagnie aérienne régionale et l’un de ses principaux créanciers, avait fondé beaucoup d’espoir dans le sauvetage d’Air Littoral par l’Italien Mario Palmonella. Mais ce repreneur, pourtant adoubé par le tribunal de commerce de Montpellier (Hérault), n’a jamais apporté les 11 millions d’euros promis et Air Littoral a été liquidée.
Ecœuré par ce gâchis, Pierre Mouselli, qui a perdu du temps et de l’argent, va déposer plainte contre X pour « escroquerie au jugement » à Montpellier. « Il s’agit de défendre les intérêts de Logitair, mais c’est aussi l’occasion de faire la lumière sur cette affaire plutôt trouble », précise Me Sébastien Bono, avocat parisien du plaignant.
Monsieur Pas-de-Monnaie-là
Le 21 août 2003, Air Littoral dépose son bilan. Le tribunal de commerce de Montpellier ouvre une procédure et place la compagnie fondée en 1972 en redressement judiciaire. Deux administrateurs sont nommés : M e Fabre et M e Blanc, fils de Jacques Blanc, président sortant de la région Languedoc-Roussillon, qui a été battu hier soir. De son côté, la société nîmoise Logitair joue sa survie. Air Littoral, dont elle gère la recette de la billetterie, est son principal client.
Début novembre, le sauveur présumé débarque d’Italie. Mario Palmonella, président de Seven Group et détenteur de la compagnie aérienne Azzura Air, brandit un chèque de 11 millions d’euros. L’homme d’affaires transalpin, qui ambitionne de rapprocher Air Littoral et Azzura pour en faire le 5éme transporteur régional en Europe, séduit tous ses interlocuteurs. Confiante, la région est prête à verser 4 millions d’euros. Observateurs privilégiés, les deux administrateurs donnent leur feu vert. Les salariés se disent soulagés. Le 5 novembre 2003, le tribunal de commerce désigne Palmonella comme le repreneur, écartant les autres candidats. Tout le monde pense que la compagnie française est tirée d’affaire.
Pierre Mouselli le premier : le 18 novembre, cet ancien patron des fourrures Pierrot Le Loup puis de Radio Montmartre intègre Logitair et prend sa direction. « Sans le jugement du tribunal de commerce, je ne serais jamais venu », dit cet homme, qui a rebaptisé le président de Seven Group Monsieur Pas-de-Monnaie-là. Car, si le repreneur s’est installé au siège social de Montpellier, l’argent, lui, n’arrivera jamais. Le tribunal de commerce a accepté de maintenir le plan de cession à la condition que Mario Palmonella cède ses offres. Sans résultat. Air Littoral est liquidée le 17 février 2004. « Comment a-t-on pu faire confiance à ce repreneur, ses 11 millions d’euros et ses lettres de cautions bancaires ? », explose Pierre Mouselli. Ce chef d’entreprise a longtemps été aux prises avec les tribunaux de commerce. En janvier, lui et M e Bono ont obtenu en appel la condamnation pour « corruption passive » de Jacques Rivalland, ex-juge au tribunal de commerce de Paris. Convaincu que la reprise ratée d’Air Littoral n’est pas claire, il n’est pas homme à lâcher le morceau.
Rappel : Radiocokpit nous informait le 17 janvier 2004 “que Logitair appartient à JC Corbet, et loge une grande partie des actifs d’Air Lib ! La bonne question est : sachant que Logitair contrôle la procédure d’Air Littoral, qui contrôle Logitair qui vient de changer radicalement de mandataires sociaux ?
Quand Corbet (120 millions de dettes publiques) contrôle la bonne tenue des comptes des suites de Dufour (79,5 millions de dettes publiques), on réunit enfin les deux orfèvres de la gestion intelligente. On applaudit !”
Voir en ligne : Le Parisien