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Colère et révolte à Air Littoral qui obtient un ultime sursis

dimanche 15 février 2004.

L’annonce du non-renouvellement de la licence d’Air Littoral, vendredi soir par le ministère des Transports, a surpris samedi la direction de la compagnie montpelliéraine et révolté les salariés, mais un ultime sursis a été accordé par le tribunal de commerce de Montpellier.

Le tribunal a fixé un dernier délai, à lundi minuit, pour permettre à la petite compagnie d’obtenir sa licence d’exploitation, a-t-on appris samedi de source judiciaire.

Selon une source proche du dossier qui a requis l’anonymat, le tribunal a décidé d’accorder un ultime délai pour permettre au repreneur désigné le 5 février, le groupe financier Alain Duménil, de démontrer qu’il a les capacités financières de reprendre Air Littoral. Un premier délai avait été donné jusqu’à jeudi dernier au repreneur, sans résultat.

Dans ce contexte, la décision du non-renouvellement de la licence de la compagnie, clouant ses avions au sol, a été annoncée vendredi par le ministère des Transports, qui estimait que le groupe Duménil n’avait pas apporté les garanties et fonds nécessaires.

« Il n’est pas possible pour des raisons de sécurité des passagers de prolonger l’activité de la compagnie », a affirmé le ministère, dans un communiqué.

Au lendemain de l’annonce du ministère, le directeur général d’Air Littoral Jean Durand s’est déclaré samedi « révolté et scandalisé par cette décision administrative incompréhensible alors que nous étions à la veille de trouver une solution ». Il a annoncé un recours en référé auprès du tribunal administratif.

« Air Littoral est sous contrôle permanent de la DGAC   (Direction générale de l’aviation civile) qui réalise des audits réguliers en vol comme au sol et les conclusions ont toujours été exemplaires. Qu’on évoque un problème de sécurité est scandaleux », a-t-il ajouté. Déplorant des « salariés pris en otage », il a admis que la décision du ministère représentait « un risque fort de non-redémarrage ».

Habitués aux rebondissements depuis le dépôt de bilan de la compagnie en août dernier, les salariés, dont la plupart avaient appris la nouvelle par les médias, étaient sous le choc.

« Les salariés d’Air Littoral sont déboussolés par cette décision qui a été faite la veille du week-end », a déploré Stéphane Brelières, représentant du Comité d’entreprise (CE). « Tant qu’il n’y a pas eu d’audience liquidataire, on n’est pas liquidé », voulait-il encore croire.

Pour Norbert Pinton, commandant de bord depuis seize ans à Air Littoral, l’optimisme n’était toutefois pas de mise. « C’est une issue pitoyable. La boîte est viable, les salariés ont toujours joué le jeu mais nous payons des années de mauvaise gestion », pestait-il, avant de confier : « j’espère me tromper mais je crains que, quand l’Etat a décidé quelque chose, on peut toujours gesticuler, c’est foutu ».

Samedi soir, les 17 avions de la compagnie étaient immobilisés sur l’aéroport de Montpellier, à deux pas du siège d’Air Littoral. Quatorze appareils, en escale ailleurs, venaient d’y être rapatriés.

Pour les faire voler à nouveau, les conditions de la reprise, fixées par le Conseil supérieur de l’aviation marchande (CSAM), prévoient un apport initial de 7,5 millions d’euros dans les caisses de la compagnie. Selon une source proche du dossier, le groupe Alain Duménil pourrait, dès lundi, faire un premier versement d’un million d’euros, capital qui s’ajouterait à l’avance de 4 millions d’euros proposée par la région.

 l’Etat « applique un principe de précaution » pour M. Blanc

Le président du conseil régional du Languedoc-Roussillon, Jacques Blanc (UMP), a assuré samedi que l’Etat avait « appliqué un principe de précaution » en ne renouvelant pas la licence d’exploitation d’Air Littoral.

Cette décision ne remet « pas en cause le processus » de reprise de la compagnie aérienne, a-t-il estimé dans un communiqué.

« Les services de l’Etat ont appliqué un principe de précaution pour que la sécurité des vols ne soit pas troublée par la situation incertaine traversée par la compagnie aérienne depuis plusieurs mois », a déclaré M. Blanc.

Alain Dumesnil, le repreneur désigné par le tribunal de commerce, « respectera ses engagements » et « apportera à la société Air Littoral Finances, qu’il a mise en place et préside, un million d’euro de capital prévu », a assuré M. Blanc, qui affirme avoir été en contact avec lui.

 Le PS dénonce la suppression de la licence d’exploitation d’Air Littoral

Le Parti socialiste a dénoncé samedi la décision annoncée vendredi par le ministère des Transports de ne pas renouveler la licence d’Air Littoral, clouant au sol les avions de la compagnie.

« En matière de transport aérien, le gouvernement pratique la politique du pire, fuit ses responsabilités et ne fait aucune proposition concrète pour sauver et relancer ce secteur profondément sinistré », a déclaré dans un communiqué Marie-Noëlle Lienemann, secrétaire nationale aux entreprises.

Elle a rappelé le dépôt de bilan d’Air Lib, celui d’Aéris, le redressement judiciaire d’Euralair et d’Air Atlantique.

Le PS a demandé en outre dans ce communiqué que « toute la lumière soit faite sur l’utilisation des 70 millions de dettes publiques accordées par l’Etat » à Air Littoral. Il s’est dit « solidaire des salariés licenciés » et a « protesté contre la façon dont ils ont été pris en otage par leur direction elle-même soutenue par les pouvoirs publics ».

Le PS a enfin rappelé qu’il était favorable à la constitution d’un deuxième grand pôle aérien français au côté d’Air France.

 L’ex-patron d’Air Littoral réclame une commission parlementaire

L’ex-patron d’Air Littoral, Marc Dufour, a réclamé samedi « au plus vite » une commission parlementaire, après l’annonce vendredi du non-renouvellement de la licence d’exploitation par le gouvernement.
« Je veux que toute la lumière et toutes les responsabilités dans ce dossier soient mises à jour », a indiqué M. Dufour en affirmant partager « la colère des salariés ».

Accusant l’« Etat-UMP » d’avoir pris une « décision scandaleuse dans un contexte politique d’une extrême gravité », l’ancien homme d’affaires, actuel tête de liste de l’UDF aux élections régionales en Languedoc-Roussillon, a déclaré qu’« on avait cherché à le baillonner ».

« Pourquoi tous ces rebondissements, pourquoi ces absences de garanties, pourquoi le tribunal de commerce s’est retrouvé abusé », s’est-il interrogé lors d’un point-presse organisé dans sa permanence électorale.

M. Dufour a également prôné comme solution la mise en place d’un « noyau dur d’actionnaires constitué par les collectivités locales et des capitaux publics », proposant de distribuer gratuitement un tiers du capital aux salariés.

Le tribunal de commerce de Montpellier a fixé samedi un nouveau et dernier délai, à lundi minuit, pour permettre à Air Littoral d’obtenir un renouvellement de sa licence d’exploitation, a-t-on appris de source judiciaire.

Voir en ligne : AFP

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