Amsterdam- Schiphol, concurrent d’ADP
vendredi 23 janvier 2004.
« Ma première réaction lorsque la fusion entre Air France et KLM a été connue ? Il faut redoubler nos efforts pour réduire les coûts, améliorer encore notre compétitivité et nos services, tant aux compagnies qu’aux passagers », explique Gerlach Cerfontaine, PDG de Schiphol, le grand aéroport d’Amsterdam, à La Tribune. Nous avons engagé ces chantiers de longue date.
Mais la mobilisation est d’autant plus facile que la compétition se précise. « Pour lui, la fusion entre Air France et KLM ne débouchera pas sur une ère de coopération avec Aéroports de Paris (ADP), sous l’oeil bienveillant des deux compagnies aériennes. » Au contraire.
« Avec une augmentation de 3 % à 5 % par an du trafic passagers mondial dans les prochaines années, il y aura de la place pour Schiphol et ADP dans l’avenir, assure-t-il. Mais nous sommes en concurrence avec Charles- de-Gaulle. Et cette concurrence est saine pour les compagnies comme pour les voyageurs. Nous travaillons à réduire les temps de transfert et à multiplier les services, comme les billets électroniques. Et j’espère que les Français font de même de leur côté. »
Cette compétition implique, selon lui, une privatisation de Schiphol, dont le capital est détenu par l’Etat et les villes d’Amsterdam et Rotterdam. Le gouvernement a promis un désengagement d’ici cinq ans. Gerlach Cerfontaine espère que le processus commencera dans les six prochains mois. Garanties offertes.
Schiphol fera-t-il le poids face aux ADP ? Selon certaines sources, les banquiers de l’aéroport eux-mêmes demandent encore à être convaincus. « On craint chaque jour davantage le pouvoir d’attraction de Paris, notamment auprès des touristes américains », explique un observateur.
Le gouvernement a insisté auprès d’Air France et KLM pour que soient données des garanties sur l’avenir de Schiphol : les 44 destinations internationales au départ des Pays-Bas seront maintenues au moins pendant les cinq prochaines années. L’accord ne dit pas, toutefois, quelles seront les fréquences de ces liaisons...
Gerlach Cerfontaine ne laisse pas de part au doute. « Au sein du système multi-hub prévu entre Paris- Charles-de-Gaulle et Schipol, la fusion Air France-KLM offre à notre aéroport la perspective de maintenir sa position comme l’un des quatre points d’interconnexion majeurs en Europe. Une position exceptionnellement importante pour l’économie néerlandaise. »
Il met en avant la tradition d’ouverture de l’aéroport, dont le seul marché national a toujours été insuffisant. Une nouvelle piste vient d’être ouverte en novembre.
Et le patron de la compagnie américaine Northwest, Doug Steenland, vient d’assurer au journal De Telegraaf que Schiphol restait sa pièce maîtresse en Europe. « Nous voulons, quoi qu’il arrive, investir à Schiphol, explique Doug Steenland. L’alliance KLM-Air France n’y change rien. »
Voir en ligne : La Tribune