L’Asie saisie par la fièvre des vols à bas prix
mercredi 10 décembre 2003.
Les grandes compagnies aériennes d’Asie se jettent dans la bataille des vols à bas prix, un marché prometteur mais où les importantes réductions de tarifs dont a bénéficié l’Europe semblent peu probables, ont déclaré mercredi des analystes.
Singapore Airlines et les fondateurs de la compagnie européenne Ryanair ont été mardi les derniers en date à rejoindre le mouvement en annonçant la création de Tiger Airways dont les vols sur l’Asie du sud-est débuteront de Singapour au second semestre de l’an prochain.
AirAsia, une compagnie malaisienne, est aujourd’hui la mieux établie dans la région et elle projette d’étendre la semaine prochaine ses vols intérieurs à la Thaïlande.
De petites compagnies se disputent également le marché du vol pas cher : le singapourien Lion Air, qui relie Jakarta à Singapour, le thaïlandais Orient Thai Airlines, le malaisien Athena Air Services et, en principe à partir de l’an prochain, un autre singapourien, ValueAir.
Mais c’est l’arrivée des grandes lignes aériennes qui a confirmé l’avenir du secteur tout en introduisant une concurrence active.
En dehors des Tiger Airways de Singapore Airlines et Tony Ryan, Qantas Airways, l’australienne, a annoncé cette semaine le décollage de sa propre société à prix réduits, Jetstar, pour répondre au succès de Virgin Blue, qui s’est emparé de 28% du marché intérieur.
L’homme d’affaires britannique Richard Branson, créateur de Virgin Blue il y a trois ans, a également des ambitions sur l’Asie et est à la recherche de partenaires.
Peter Harbison, directeur du Centre for Asia Pacific Aviation de Sydney, croit au marché et l’annonce de Singapore Airlines l’a renforcé dans ses convictions.
« Je pense que cela rehausse singulièrement le niveau de concurrence et l’importance de ce type de société dans la région », dit-il. « Le modèle de transporteur à prix réduit marche particulièrement bien sur les dessertes à courte distance où le prix est le facteur décisif », a-t-il dit.
Jimmy Lau, porte-parole de ValueAir, estime lui aussi que la décision de Singapore Airlines va rassurer ceux qui craignaient que ce genre de compagnie ait du mal à réussir en Asie.
« Cela a validé notre modèle. Ce signifie qu’il peut marcher en Asie », dit-il, alors que les critiques jugeaient les distances trop longues pour reproduire dans la région le modèle européen et se plaignaient du manque d’aéroports bon marché. L’Europe bénéficie aussi d’un plus grand excédent de pilotes, tirant les salaires à la baisse, ainsi que d’un marché unifié.
Selon l’analyste Philip Wickham, d’INF Financial Markets à Hong Kong, tous ces facteurs font que les prix ne devraient pas autant baisser en Asie qu’en Europe.
« Je pense que vous allez avoir des vols moins chers mais sans doute rien de spectaculaire », dit-il. Sans marché commun, il estime aussi que les compagnies à prix réduit devraient en général desservir des liaisons qui partent ou finissent chez elles.
Les voyageurs devraient néanmoins réaliser plusieurs centaines de dollars d’économie sur des destinations populaires. M. Wickham cite des vols prévus de Tiger Airways sur Bali, Bangkok, Hong Kong, Jakarta, Manille et Phuket en Thaïlande.
Voir en ligne : AFP