La compagnie toulousaine Aeris mise en liquidation judiciaire
dimanche 9 novembre 2003.
La compagnie aérienne toulousaine Aeris a été mise en liquidation judiciaire vendredi soir par le tribunal de commerce de Toulouse et a suspendu ses vols dès samedi à minuit.
Pour ce week-end où le trafic aérien s’annonce chargé, Aéroports de Paris (ADP) demande aux passagers d’Aéris de ne pas venir à l’aéroport d’Orly, où ils ne pourront obtenir aucun remboursement, mais de contacter d’autres compagnies.
« Les clients ayant acheté un ou plusieurs billets Aéris Express pourront effectuer une demande de remboursement en adressant un courrier à Me Liliane Vinceneux, 5 rue Prieure, BP 827, 31080 Toulouse Cedex. La compagnie a transmis à l’administrateur judiciaire une liste de tous les passagers ayant acheté des billets non utilisés », indique le communiqué d’Aéris.
Les deux derniers candidats en lice, Explor’Air Finances de l’ancien pilote d’AOM Antoine Bru, et le projet de rachat d’entreprise par les salariés (RES) n’ont pas réussi à mobiliser à temps les fonds, de l’ordre de 10 millions d’euros, qui leur étaient demandés.
« Une prolongation exceptionnelle d’activité d’un mois » a été annoncée par le tribunal, qui vise surtout à donner le temps de procéder aux licenciements des 310 salariés à durée indéterminée de la compagnie, a précisé l’administrateur judiciaire Me Christian Caviglioli. Seul espoir, le tribunal a précisé que la licence d’exploitation et les créneaux horaires pour les vols réguliers étaient maintenus jusqu’à la fin novembre.
« C’est un espoir minime mais qui a le mérite d’exister au cas ou se présenterait rapidement un repreneur », a déclaré l’avocate des salariés, Me Anne Lepargneur. La compagnie qui reprendrait les actifs d’Aeris ne serait alors pas obligée de repartir de zéro. L’annonce de la liquidation a été acueillie dans une ambiance sinistre par la dizaine de salariés présents. « C’est inconcevable que l’on arrive pas à faire vivre un pôle aérien indépendant dans ce pays », a notamment affirmé un chef de cabine, Frédéric Ducros.
Pour le doyen de la compagnie André Gouze, ancien d’Air Toulouse et membre du comité d’entreprise, le seul espoir serait qu’une nouvelle compagnie charter se reconstitue et réembauche les anciens d’Aeris. « Mais surtout pas de nouvelle tentative de compagnie régulière low cost, ça dévore les capitaux, c’est comme ça que le PDG Charles-Henri Rossignol a coulé une boîte qui n’allait pas si mal », a estimé M. Gouze vendredi soir.
Le conseil supérieur de l’aviation marchande avait demandé dès cet été à Aeris de renforcer ses fonds propres de 10 millions d’euros, sans succès. C’est une somme du même ordre qui a finalement fait défaut aux candidats repreneurs, bien que le tribunal de commerce, réuni à la mi-journée, leur ait donné un délai de grâce de quelques heures en mettant sa décision en délibéré jusqu’à 18h30.
Le projet Explor’Air Finances prévoyait de sauver 130 à 150 emplois avec trois appareils, principalement grâce au maintien des lignes régulières, avec en appoint des vols charters moyen courrier. Le projet de RES, associé à la compagnie Mond’Airlines, comptait sauver 200 emplois. Il misait sur le rapprochement avec Mond’Airlines pour conserver des activités moyen courrier et les deux meilleures lignes régulières d’Aeris express vers Toulouse et Nice, en plus du long courrier.
Aeris exploitait jusqu’ici 7 avions (deux Boeing 767 longs courriers et cinq B737 moyens courriers) avec 310 salariés en contrat à durée indéterminée. Outre ses activités charter traditionnelles, elle desservait depuis juin des lignes entre Orly et Toulouse, Perpignan, Tarbes, Toulon, sur la base des créneaux abandonnés par Air Lib lors de sa liquidation judiciaire en début d’année.
Elle avait ouvert également des dessertes d’Orly vers Nice et Toulon cet été, mais cumulait plus de 20 millions d’euros de passif de l’aveu même de ses dirigeants.
Voir en ligne : AFP