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Avant -goût de la libéralisation de la protection sociale Raffarin/Medef
La ville qui affole les labos américains

jeudi 23 octobre 2003.

La mairie de Springfield organise l’achat de médicaments au Canada, où les prix sont bien moins élevés.

Pascal RICH dans Libé du 23 octobre 2003, nous donne un avant goût de ce qui peut se passer en France après la réforme de la protection sociale quand seul une majorité des salariés ne pourront plus se payer une protection sociale couvrant leurs dépenses de santé.

En organisant l’achat de médicaments au Canada pour ses employés, la ville de Springfield peut se vanter d’avoir soulevé une belle polémique. De nombreuses collectivités veulent désormais l’imiter, au grand dam des laboratoires pharmaceutiques et de la Food and Drug Administration (FDA), l’agence de médicaments américaine, qui ne sait plus où donner de la tête pour endiguer le phénomène.

Springfield, 150 000 âmes à l’ouest du Massachusetts, a vu ses finances malmenées par le ralentissement économique. Afin de réduire le coût de l’assurance maladie des employés municipaux (20 000 personnes couvertes), le maire, Michael Albano, a décidé, en juillet, de les encourager à acheter leurs médicaments au Canada, où, comme en France, les prix sont contrôlés.

Les différences avec les pharmacies américaines vont du simple au double, parfois beaucoup plus. Ainsi, les mêmes cachets de Tamoxifen, un médicament contre le cancer du sein, coûtent 18 dollars au Canada, contre 127 dollars aux Etats-Unis. Les laboratoires américains se défendent en expliquant qu’ils financent la recherche pharmaceutique, dont profite le reste du monde.

Si de nombreux particuliers ont l’habitude de se fournir de l’autre côté de la frontière (soit par des allers-retours, soit par l’Internet), c’est la première fois qu’une telle pratique est organisée par une collectivité publique. Problème : importer des médicaments sans l’accord de la FDA est illégal.

A peine trois mois après la mise en route de ce nouveau plan, tout le monde à Springfield semble satisfait. Les employés qui acceptent de passer par le courtier canadien CanaRx y trouvent leur compte, puisqu’ils sont exonérés de ticket modérateur. Pour la municipalité, l’économie devrait atteindre 9 millions de dollars en année pleine. Plusieurs autres villes se préparent à suivre l’exemple. Les gouverneurs de l’Illinois, de l’Iowa et du Minnesota ont engagé des études préliminaires pour explorer la « faisabilité » d’un tel programme dans leur Etat.

Ce vent de fronde affole les pharmaciens, les laboratoires et la FDA, qui a menacé CanaRx de poursuites. Elle souligne les risques sanitaires qu’il y a à transporter des médicaments sur de longues distances, sur des territoires étrangers échappant à son contrôle. L’argument a eu le don d’exaspérer le maire de Springfield : « Il s’agit du Canada. Pas de l’Irak ou de l’Iran ! », a-t-il ronchonné. En signe de protestation, il a demandé au fonds de pension de la ville de liquider ses actions dans les compagnies pharmaceutiques.

De son côté, CanaRx a refusé d’obtempérer aux injonctions de la FDA, son président considérant qu’il ne « faisait rien de mal en procurant des médicaments à des personnes âgées qui n’auraient pas les moyens, sinon, de les acheter ». La FDA compte sur la coopération des autorités canadiennes pour le faire plier.

L’affaire Springfield s’inscrit dans la question plus large de la très mauvaise couverture santé des Américains. Les sites web proposant des médicaments à prix réduits pullulent. Des bus chargés de personnes âgées franchissent régulièrement les frontières canadienne ou mexicaine pour se fournir, et des tour-opérateurs se spécialisent dans ce type de voyages, qui concernent plus d’un million de personnes par an. Certains élus, comme le républicain Sherrod Brown (Ohio), financent même ces transports sur leurs fonds électoraux...

Le sujet promet désormais d’animer la campagne présidentielle de 2004 : tous les candidats démocrates prônent un assouplissement de l’interdiction d’importer.

Voir en ligne : Libération

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