L’union Air France et KLM, un air de déjà-vu
samedi 11 octobre 2003.
Il est à croire qu’avant de conclure le mariage d’Air France et de KLM, le 30 septembre, Jean-Cyril Spinetta avait lu le livre de Carlos Ghosn, le PDG de Nissan (Citoyen du monde, Grasset). Car le patron de la compagnie aérienne française s’est appliqué à démontrer que cette alliance avec les Néerlandais n’avait rien du coup de force. Tout comme Ghosn lie, dans son livre, la réussite Nissan-Renault au « respect des identités » et à la maîtrise « des tendances impérialistes » au sein du couple, Jean-Cyril Spinetta récuse toute volonté hégémonique d’Air France sur KLM.
L’ego de Leo ménagé. Après vingt et un mois d’âpres négociations, les dirigeants de KLM ont d’ailleurs eu droit à tous les égards : Jean-Cyril Spinetta a d’abord laissé à son ami « Leo » (Leo Van Wijk, le PDG) le soin d’annoncer en premier leur mariage, et à Amsterdam. De retour à Roissy - en vol KLM -, le patron d’Air France a scrupuleusement mesuré pendant la conférence de presse son temps de parole. Autant de petites attentions qui flattent l’ego de Leo.
Sur le fond, on reconnaît ouvertement à Air France s’être inspiré du modèle Nissan-Renault. « Surtout pour le maintien des identités nationales et la recherche des synergies », note Marc Boudier, directeur général, chargé des activités Cargo. Air France et KLM seront transformées en deux filiales, avec un holding de tête. Celui-ci détiendra 100 % des droits économiques d’Air France et autant de KLM, mais il n’aura que 49 % des droits de vote de la compagnie batave. Le reste sera détenu pendant trois ans par des intérêts néerlandais (dont l’Etat)… Une concession importante faite par Jean-Cyril Spinetta, visiblement indispensable pour obtenir le feu vert des Pays-Bas et préserver leurs droits de trafic.
Voir en ligne : Challenges