Air France/KLM : Le CCE attend « l’information » et prépare sa « riposte »
mardi 16 septembre 2003.
Le président d’Air France Jean-Cyril Spinetta présentera, mercredi, au CCE de la compagnie une « information » sur le rapprochement avec KLM alors que les syndicats envisagent une « riposte » adaptée à une opération imminente dont ils redoutent les effets néfastes sur l’emploi.
Sommé le 8 septembre par le secrétaire général (CGT) du CCE, José Rocamora, de communiquer sur ce rapprochement « afin de permettre au CCE de rendre un avis motivé sur le projet d’accord KLM », M. Spinetta a finalement accepté de le faire lors du CCE mercredi.
Le déclenchement du "droit d’alerte a été prévu par plusieurs syndicats
(CGT, FO, CFDT , Snomac, Alter et Sud aérien, ndlr) dans le cas où il n’y
aurait pas d’information de l’employeur. Il y en aura une. « Mais il ne
suffira pas d’une simple pirouette devant le CCE pour que l’on considère que celui-ci est en état de donner un avis motivé », a indiqué à l’AFP Yvon Touil (CGT).
« Notre riposte dépendra de la manière dont les choses vont se passer. Si on a une information mercredi à midi (et) une décision du Conseil
d’administration (CA) mercredi soir alors il n’y aura pas eu consultation
(du car elle ne pourra se faire avant un CCE extraordinaire (prévu le 29
septembre) et le délit d’entrave sera constitué », a fait valoir M. Touil,
par ailleurs représentant des salariés au CA.
De son côté le principal syndicat de pilotes (SNPL ) d’Air France a annoncé mardi avoir déjà « demandé la réunion du +comité stratégique+ afin d’obtenir plus d’informations sur cette opération » et confirmé les réunions concomitantes mercredi à Paris et Amsterdam des CA des deux compagnies.
Mais au-delà de « l’obscurantisme » entretenu selon Yvon Touil, par Bercy qui « gère directement » l’opération, les syndicats redoutent les effets néfastes de ce « rapprochement » sur l’emploi.
« Les salariés s’interrogent sur leur avenir et voudraient des éléments que pour l’instant l’employeur ne communique pas : or on est dans un marché très fragile et, si KLM nous offre une complémentarité de réseaux sur l’Asie, il arrive avec beaucoup de dettes et un plan de licenciement important », a affirmé M. Touil.
« Des membres du CA ont clairement exprimé le fait que l’opération ne peut
fonctionner qu’à condition qu’il y ait un sérieux redressement des comptes de KLM et qu’il y ait utilisation au maximum des synergies. Or il existe des doublons entre AF et KLM en matière de lignes, de fret et des services d’entretien », a-t-il ajouté.
De son côté François Cabrera (CFDT ), secrétaire général du Comité de groupe européen d’Air France, entend exiger « que l’entreprise s’engage sur des garanties sur l’emploi » et annoncé la création « d’un groupe de pilotage » franco-hollandais.
Pour Pierre Contessenne, de Sur aérien, le risque de voir « ces alliances se transformer en holding ou l’on appliquerait une politique d’harmonisation des politiques sociales basée sur le moins disant » doit amener au déclenchement du droit d’alerte dès mercredi.
Enfin si Philippe Raffin (Spac) a relevé « une inquiétude plus forte chez les salariés de KLM que chez ceux d’Air France », l’Unsa a elle noté « une grande inquiétude dans le personnel d’encadrement » de la compagnie française et relevé que « le gouvernement fait d’une pierre deux coups ».
« Il présente l’opération comme une consolidation industrielle et du coup la privatisation passe en douceur vis-à-vis de l’opinion publique », a souligné Sylvain Chazal.