Baisse du taux du livret A : toujours ça que les pauvres n’auront pas !

C’est de nouveau en pleine période estivale que le gouvernement s’apprête à baisser la rémunération du livret A. Comme à chaque fois qu’une telle décision est prise, c’est le renchérissement du financement du logement social qui est avancé. En réalité, les raisons sont beaucoup moins philantropiques.

En effet, les motivations du gouvernement sont essentiellement de deux ordres :

• D’une part, pour pouvoir limiter le déficit budgétaire tout en continuant à baisser les charges patronales et les impôts, il est nécessaire de faire entrer de l’argent dans les caisses. La manne que représente la baisse du taux du Livret A, surtout dans une période où la collecte est très élevée, n’est pas négligeable. D’après la direction du Trésor, une baisse d’un demi point de la rémunération du livret A combinée à une baisse de 0,2 point de commission versée aux réseaux distributeurs que sont La Poste et l’Ecureuil permettrait de récupérer 1 milliard d’euro en année pleine.

• D’autre part, il s’agit pour lui de réorienter cette épargne vers l’épargne retraite (ce qui est en totale cohérence avec la réforme des retraites) et mobilière. C’est d’ailleurs ce qu’avait développé Francis Mer dès le 16 janvier lors des 12^es rencontres de l’épargne.

Par ailleurs, pour tenter de désamorcer la réaction des 47 millions de détenteurs de livret A à l’annonce de la baisse du taux, Alain Lambert, le ministre délégué du budget, a déclaré il y a quelques jours que « La rémunération de l’épargne populaire ne s’effectue pas par le livret A, mais par le livret d’épargne populaire ». Comme la baisse prévue de la rémunération du livret d’épargne populaire s’élève à 0,75 % contre 0,5 % pour celle du livret A, faudrait-t-il en conclure que ce gouvernement déteste à ce point les pauvres !