American Airlines : la situation s’aggrave encore
mercredi 23 avril 2003.
Perte plus lourde que prévu au premier trimestre, conflit entre syndicats et direction et possibilité d’un « remerciement » du Pdg : la situation déjà précaire d’American Airlines, la première compagnie aérienne du monde menacée de faillite, s’aggrave encore un peu plus.
American a annoncé mercredi une perte nette de 1,04 milliard de dollars au premier trimestre 2003, sur un chiffre d’affaires de 4,12 milliards de dollars.
Cette perte est pire que celle attendue par les analystes et représente le double de la perte accusée de janvier à mars 2002 (560 millions de dollars en excluant les éléments exceptionnels).
« Nos résultats du premier trimestre ont été vraiment horribles » et dans « ce climat périlleux notre succès est loin d’être garanti », a affirmé le Pdg d’American, Don Carty, après avoir répété à maintes reprises ces dernières semaines que sa compagnie était « au bord de la faillite ».
« Nous sommes assiégés de tous les côtés par une économie faible, la poursuite des incertitudes concernant les hostilités au Moyen Orient, les inquiétudes sur l’épidémie de pneumonie atypique, des prix des carburants nettement plus élevés qu’il y a un an et des tarifs (des billets d’avions) au plus bas depuis 30 ans », a expliqué M. Carty.
A ces difficultés qui touchent toutes les compagnies aériennes, Don Carty a oublié d’ajouter la colère des salariés à son égard.
Les syndicats ont été scandalisés par l’annonce la semaine dernière de l’octroi d’importants avantages financiers aux dirigeants de la compagnie —dont M. Carty— alors qu’ils avaient accepté d’énormes sacrifices salariaux pour tenter de sauver American.
Résultat de cette colère, deux des principaux syndicats d’American —celui représentant les mécaniciens et les autres personnels au sol (TWU) et celui du personnel navigant (APFA)— ont décidé d’organiser prochainement un nouveau vote de leurs membres sur les réductions salariales.
Un vote négatif, même d’une seule catégorie de personnel, entraînerait la faillite d’American, a averti la direction de la compagnie.
Les mécaniciens et les autres personnels au sol, ainsi que le personnel navigant, avaient approuvé la semaine dernière à une courte majorité —52 à 53% des voix— les diminutions de salaires totalisant 1,8 milliard de dollars par an (21% de la masse salariale).
Face à ce conflit avec les syndicats, la position de Don Carty pourrait être menacée.
Plusieurs membres du conseil d’administration d’American envisagent de remplacer le Pdg Don Carty pour essayer de sauver les accords de réductions de salaires conclus avec les syndicats et éviter ainsi une faillite, a affirmé mercredi le quotidien Dallas Morning News.
Le remplacement éventuel de Don Carty sera abordé lors d’une réunion du conseil d’administration prévue jeudi à Dallas (Texas, sud), a indiqué le journal en citant une source proche de ce conseil.
Aucun commentaire n’a pu être obtenu auprès de la direction d’American. Mais la compagnie a annoncé qu’une téléconférence avec des analystes et la presse de son directeur financier Jeff Campbell, prévue mercredi, a été annulée en raison de « la fluidité de la situation actuelle d’American ».
Selon les analystes, un départ de M. Carty pourrait être une bonne solution pour améliorer les relations avec les syndicats et sauver la compagnie. « Si c’est le cas, ce serait une information positive », affirmait Art Hogan, stratège boursier à la maison de courtage Jefferies.
Cet avis était partagé à Wall Street où l’action American, en chute libre ces derniers jours, regagnait plus de 8% (à 3,72 dollars) mercredi en milieu d’après-midi.