LE PDG EN FAIT TROP !
On avait cru que l’époque « volants » contre « rampants » était révolue et que, dans cette entreprise, on pensait toutes et tous être traité(e)s de façon équitable.
Dans le 1er cas, quelques jours seulement après le drame, alors que les enquêtes n’ont pas encore commencé et que l’instruction n’est même pas encore ouverte, le PDG organise une conférence de presse et accuse publiquement l’agent de piste d’être l’unique responsable de l’accident. Il entame aussitôt une procédure de licenciement à son encontre. Les délégués SUD et CGT, défenseurs de l’agent ont toutes les peines du monde à faire valoir leur droit à la défense. Le 27 avril, M. PLISSONNIER, directeur de l’escale d’Orly signe le licenciement pour faute grave.
Dans le 2e cas, le PDG publie pas moins de 3 FlashInfo pour encenser l’équipage et protester contre les rumeurs mettant en cause les pilotes.
Là encore, il dégage Air France de ses responsabilités en accusant maladroitement l’aéroport de Toronto.
Il exige d’attendre le résultat des enquêtes et de laisser la justice faire son travail avant d’accuser qui que ce soit ... toutes choses que nous n’avons cessé de réclamer pour notre collègue de la Piste.
2 POIDS, 2 MESURES !
Nous aurons tous noté que dans le cas de Toronto, il s’agit de PNT , pas d’un simple agent du sol.
Pourquoi une telle différence de traitement entre PNT et PS ? Serait-ce parce que les PNT représentent une partie importante des actionnaires ... qu’il ne faudrait donc pas contrarier ?
Cela dit, qu’on attende les enquêtes pour déterminer les responsabilités : très bien, parfait ! C’est juste le droit que nous réclamions pour notre collègue de la Piste. Mais ce droit à la justice la plus élémentaire, le plus haut dirigeant de l’entreprise le lui a refusé.
« Les petites lâchetés font les grandes trahisons ».
C’est donc tout naturellement que nous avons proposé aux autres syndicats de voter une motion lors du CCE du 21 septembre et en présence du PDG :
« Suite à l’accident survenu l‘été dernier à Toronto, la direction d’ Air France a fait le choix de ne prendre aucune mesure avant la fin des enquêtes en cours. Cette position de la direction, conforme à notre souhait et respectueuse des textes n’a pas toujours été de mise. Dans un passé récent, la direction d’Air France, lors d’un accident dramatique qui a causé le décès d’une hôtesse, n’a pas attendu la fin des enquêtes pour désigner un salarié de la Piste comme seul responsable et de le licencier. Les élus réunis en session demandent le même traitement pour tout le personnel et donc la réintégration de notre collègue de la piste. »
Les procès en cours
Suite à la conférence de presse de M. Spinetta du 18 février, l'agent de Piste a intenté un procès en diffamation contre le PDG : le Parquet de Bobigny vient de désigner un juge d'instruction. Un enquête est ouverte.
L'agent de Piste a également porté plainte aux Prud'Hommes pour licenciement abusif : procès le 02 février 2006.
4 syndicats : SUD Aérien, ALTER, SPAF, SNPNAC rejoints par la CGT ont déposé en juin, une plainte contre X pour « mise en danger d'autrui ». Un juge d'instruction du parquet de Bobigny vient d'être nommé : une enquête est ouverte.
Le juge désigné par le Parquet de Créteil poursuit son instruction sur les causes de l'accident mortel de notre collègue hôtesse. Aucune mise en examen n'a encore été prononcée, preuve qu'Air France a été un peu vite en besogne pour désigner LE coupable. La reconstitution de l'accident le 23 juin a démontré la complexité de l'affaire et a confirmé les contradictions de certains témoignages.
Votes des élus :
Pour : 4 CGT/ UGICT-CGT
Contre : 4 CFDT , 2 FO, 2 CGC
Abstention : 3 Alliance PN
Votes consultatifs :
Pour : 1 SUD Aérien
Contre : 1 SNMSAC
Abstention :1 CFTC
Qu’avait donc de révolutionnaire cette motion pour que la CFDT , FO, la CGC et le SNMSAC refusent de la voter ? Il aurait suffi qu’ils ne prennent pas part aux votes, comme ils le font souvent, pour que la motion soit votée.
Interrogé par SUD, leur réponse fut celle de la direction !! La collusion entre ces syndicats et la direction générale n’est pas nouvelle malheureusement. Syndicats d’accompagnement de la stratégie patronale, ils servent le plus souvent de relais aux objectifs directoriaux.
Mais là, c’est un grade de plus dans leur allégeance à la direction et le reniement des valeurs pourtant fondatrices du syndicalisme : celle de la défense des salariés, l’exigence d’égalité de traitement entre les personnels, la solidarité avec les agents injustement traités.
Les salariés, eux, sauront dorénavant quels syndicats sont prêts à les défendre : ils ne sont pas nombreux !