Au cours de sa conférence de presse de cet après-midi, le PDG d’Air France a proféré de très graves accusations contre l’agent de piste d’Orly en lui faisant porter l’entière responsabilité de l’accident mortel de l’une de nos collègues navigantes, le 01 février. Notamment : « il n’aurait respecté aucune des actions de sécurisation préalables au retrait de l’escalier » et « le respect d’une seule de ces actions aurait permis d’éviter l’accident ». Afin qu’il ne soit fait aucun doute de la culpabilité de cet agent, le PDG a fait un portrait de lui infamant, dégradant, indamissible.
Les mensonges éhontés proférés par le patron de l’une des plus grandes compagnies aériennes mondiales dégradent l’image de notre entreprise et ne trouvera pas d’écho parmi le personnel d’Air France et certainement pas parmi les collègues de cet agent qui ont montré leur solidarité et leur écœurement en observant 2 jours de grève continue, les 18 et 19 février.
Toutes ces accusations mensongères (l’agent auraient eu plusieurs sanctions disciplinaires, il est jugé comme un mauvais élément par sa hiérarchie...) sont portées par le propre PDG d’Air France sur la place publique sans qu’il en apporte, bien sûr, la moindre preuve.
SUD Aérien est profondément choqué par ces déclararations indignes qui visent à détruire un salarié en le montrant à la vindicte publique.
Mais cette attitude démontre sans conteste la panique d’Air France mise en cause aujourd’hui par des organismes chargés de la sécurité du transport aérien et par les Comités d’Hygiène et de Sécurité Personnel navigant et personnel au sol d’Air France pour ne pas avoir respecté deux procédures de sécurité réglementaires et déposées à la DGAC lors de l’arrivée du vol sur lequel a eu lieu l’accident le 01 février.
Ces deux CHSCT ont d’ailleurs lancé deux procédures de danger grave et imminent pour exiger l’application de ces procédures. Elles sont de 2 ordres :
- l’une la Procédure Générale d’Exploitation (PGK 42-10) qui exige la présence d’un agent pour guider le retrait de l’escabeau sur les Airbus A319 dont le chauffeur n’a aucune visibilité ni avant, ni arrière,
- l’autre la Procédure d’Application Locale (PAL K-ORY.KR-200) qui exige un effectif de 3 agents pour traiter les arrivées des vols A319.
Or, Air France persiste dans son refus d’appliquer ces procédures réalisant ainsi de confortables économies en frais de personnel sans souci, malgé ses déclarations, de la sécurité des personnes et des biens.
Or, il ne fait aucun doute que le respect au minimum de la PGK aurait permis d’éviter l’accident.
Air France est acculée : les différents témoignages officiels recueillis par SUD Aérien depuis le 01 février font état de discondordance totale, certains témoins ont par ailleurs fait des déclarations totalement contradictoires, par exemple sur l’endroit exact où se trouvait l’hôtesse lors de sa chute, sur la fermeture ou non de la porte. Dès lors, plusieurs hypothèses expliquant l’accident de notre collègue sont plausibles tant que les preuves contraires ne sont pas fournies. Mais en aucun cas, le PDG d’Air France n’a le droit d’affirmer qu’il détient LA VERITE ni de faire justice lui-même en chosissant pour bouc émissaire l’un des agents de la compagnie les plus mal payés et aux conditions de travail les plus dures. C’est indigne !
Or, les déclarations de l’agent condamné par Air France faites auprès de la Gendarmerie du Transport Aérien, 1 heure à peine après le drame, contredisent totalement les accusations portées contre lui. Mais lui, n’a pas les moyens de la société Air France pour le faire savoir ! C’est indigne !
Seule la justice est à-même de juger de la culpabilité d’un citoyen, qu’il travaille à Air France ou non. Alors que les enquêtes préliminaires de la Gendarmerie du Transport Aérien, du Bureau Enquête Accident de la DGAC , de la CRAMIF, des inspecteurs du travail ont à peine débutées, alors que l’instruction n’est pas ouverte et le juge non désigné, alors que l’agent accusé n’a encore été reçu par aucun de ces organismes pour témoigner, M. SPINETTA jette l’un de ses salariés en patûre à la presse !
A l’évidence, les déclarations du PDG ne peuvent que jeter de l’huile sur le feu d’un climat social déjà très tendu dans l’entreprise. SUD Aérien s’engage à mettre tout en œuvre pour étendre le mouvement de protestation aux autres secteurs de l’entreprise et va étudier dès lundi, avec son Conseil, le dépôt d’une plainte en diffamation contre le PDG d’Air France.
Le Bureau national SUD Aérien