Monsieur le Premier Ministre,
La décision de votre Gouvernement de privatiser Air France, inquiète très fortement les 2000 salariés d’Air France à Toulouse. Ils estiment que cette décision purement idéologique est totalement déplacée dans le contexte économique et financier actuel. Aucune stratégie économique n’est présentée pour garantir le maintien des activités et des emplois de la compagnie. Bien au contraire, les annonces justifiant cette décision, dévoilent une restructuration profonde du transport aérien européen, entraînant dans les prochains mois des regroupements d’activités destructrices d’emplois en France et encore plus à Toulouse. Les salariés d’Air France qui contribuent largement à l’autofinancement à 85 % des investissements d’Air France (plus de 1500 € par salarié par mois), doivent être entendus sur le devenir de leur compagnie.
Nous avons contacté à plusieurs reprises depuis 10 ans les représentants de la Mairie, du Conseil général et de la Région pour leur faire part de nos inquiétudes concernant l’avenir de nos emplois sur les différents sites d’Air France à Toulouse. Leurs interventions et la mobilisation des salariés en leur temps, ont non seulement permis de maintenir les emplois menacés, de maintenir le Centre Industriel de Toulouse avec un investissement de 250 millions F dans la zone d’Aéroconstellation mais aussi de créer plus de 130 emplois supplémentaires d’informaticiens à la Barigoude.
Les collectivités locales avaient accordées de nombreuses aides en 1993 et 94 aussi bien à Air Inter pour décentraliser 400 emplois, et Air France pour 300 emplois qu’à TMTA, leur sous-traitant installé à Fenouillet pour 70 emplois. Une seconde phase, prévue sur les réserves foncières permettant la construction de 20.000 m2 de bureaux, devait décentraliser 700 emplois supplémentaires à l’horizon 2000.
La fusion Air Inter/Air France en 97, les 40 milliards F d’investissements aéronautiques depuis 99, les répercussions des attentats du 11 septembre 2001, le ralentissement économique depuis, ont servi de prétexte à la Direction Générale pour refuser de nouveaux investissements immobiliers sur les réserves foncières de la Barigoude. Air France a même réduit ses surfaces en vendant l’immeuble de l’ex-Direction Régionale d’Air Inter à Blagnac et en fermant l’agence St Jérôme.
La volonté décentralisatrice de 1993 et 94 n’a pas duré :
- Air France a transféré sa sous-traitance à TMTA en Tunisie et bientôt au Mexique. TMTA Fenouillet licencie 70 personnes. Les 400 salariés des Recettes Commerciales d’Air France à Basso Cambo s’inquiètent pour leur avenir à Toulouse face à cette concurrence mexicaine.
- La reprise des embauches à partir de 1998, a été beaucoup plus forte en région parisienne qu’à Toulouse. A la Direction Générale des Systèmes d’Information, la moitié des créations de postes entre avril 99 et septembre 2002 ont été faites en région parisienne (+ 173 emplois) pour 93 créés à Toulouse.
- aujourd’hui, Air France pratique une politique inverse pour une recentralisation des emplois avec une prime de mobilité Province/Paris de 7900 € .
La volonté du Gouvernement de privatiser Air France et l’annonce concomitante d’un rapprochement avec Alitalia, KLM et CSA, compagnies qui ont aussi des activités équivalentes à celles de Toulouse, inquiètent les salariés toulousains d’Air France sur les conséquences sociales de cette privatisation sur des centaines d’emplois.
Monsieur le Premier Ministre, vous vous êtes engagé début juillet à mettre en place un dispositif d’aide à la conversion et de soutien à l’économie toulousaine avec notamment :
- un accompagnement des projets de développement de l’agglomération toulousaine qui fera l’objet de mesures spécifiques qui seront décidées lors du prochain comité interministériel d’aménagement et de développement du territoire (CIADT),
- l’étude de possibilités d’implantation sur Toulouse de nouveaux organismes ou services publics.
Nous vous demandons d’intervenir auprès d’Air France pour que la Compagnie s’engage à maintenir les activités décentralisées à Toulouse en 93 et 94 et à réaliser la seconde phase prévue afin que les annonces au comité interministériel d’aménagement et de développement du territoire (CIADT), il y a 10 ans soient bien totalement réalisées.
En attente de votre réponse,
Veuillez croire, Monsieur le Premier Ministre, à l’assurance de notre haute considération.
L’intersyndicale Air France Toulouse