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NI DUPES, NI SOUMIS(ES) !

vendredi 19 mars 2004, par Bureau national Sud Aérien .


« La constitution du groupe Air France-KLM assure durablement l’avenir d’Air France qui s’affirme comme le leader de la plus forte alliance mondiale, Sky Team. En faisant du groupe que nous allons créer le premier du monde, il nous ouvre une perspective nouvelle. »
Ces propos sont ceux de J.C. Spinetta dans la lettre envoyée à tous les salariés de la compagnie le 19 février, propos répétés à l’identique lors de la session du Comité Central d’Entreprise de février.
L’argument est simple : au sein de la restructuration en cours du transport aérien, la holding Air France-KLM sera la plus forte compagnie, celle qui sortira son épingle du jeu, et donc les salariés en profiteront ... Et bien sûr, ceux qui voient les choses autrement sont des esprits chagrins qui sèment la peur et l’inquiétude, alors que tous les salariés du groupe doivent être fier de partager un tel projet.
Comme beaucoup de syndicats de l’entreprise semblent partager ce bel enthousiasme avec notre Président, nous nous devons de rappeler quelques réalités moins exaltantes :

  • Le premier résultat de la fusion sera la réalisation complète de la privatisation ! En sortant définitivement du secteur public, le pouvoir de décision passera de l’Etat aux actionnaires privés. Si le mode de gestion d’Air France ressemble déjà largement à celui du secteur privé, il y a néanmoins quelques différences fondamentales. La première est qu’à la différence de l’Etat, les gros actionnaires privés recherchent une rentabilité importante et constante de leur placement financier, à court terme Cela veut dire que chaque activité de la compagnie ne restera « intéressante » que si elle dégage suffisamment de profit financier pour les actionnaires.
  • J.C.Spinetta tente de nous faire croire qu’à partir du moment où la compagnie progresse, les actionnaires et les salariés seront satisfaits ...
  • D’abord, à moins d’être naïf, chacun sait que la croissance n’est jamais illimitée. Le fait de fusionner, de créer la plus grande compagnie mondiale, n’empêchera pas le trafic de progresser au maximum de quelques points chaque année ( l’IATA prévoit 5% en moyenne ... dans une projection idéale, c’est à dire sauf crise économique, conflit géopolitique etc ... ! ). La croissance d’Air France, ces dernières années, s’est faite en bonne partie sur les décombres des compagnies disparues en Europe et en Afrique. Dans quelques années la « consolidation » (c’est à dire la disparition ou la fusion des principales compagnies de dimension internationale pour aboutir au final à trois « Majors », en Europe comme aux USA ) va arriver à ses limites.
  • Quand J.C. Spinetta affirme que la fusion « va créer de la valeur », nous pouvons surtout constater qu’aujourd’hui le transport aérien détruit des emplois par milliers ... pour dégager de la valeur dans les compagnies restantes !
  • Croire donc qu’Air France tirera son épingle du jeu à un niveau suffisant pour satisfaire à la fois les actionnaires et les salariés est une utopie assez naïve. Ainsi toutes les compagnies majors européennes et américaines n’ont satisfait leurs actionnaires, ces dernières années, qu’en sacrifiant des milliers d’emplois. Il en sera exactement de même à Air France-KLM, nos deux partenaires ( Alitalia et KLM ) subissant aujourd’hui des plans de près de 8000 suppressions d’emplois au total.
  • J.C. Spinetta indique dans son courrier qu’Air France ne doit pas être arrogant avec ses partenaires européens de Sky Team. Etre arrogant serait justement de penser que les suppressions d’emplois vont continuer partout ... sauf à Air France !
  • La croissance financière se fera donc avec des suppressions d’emplois, pour améliorer la rentabilité financière ! J.C. Spinetta nous assure que le licenciement économique est écarté comme moyen d’améliorer la productivité : Admettons mais ... tout indique, en revanche, que dans certains secteurs, une part des départs naturels ne seront pas remplacés ( c’est ce que prévoit le plan de la Direction de l’Industriel ). De même le recours aux filialisations et à l’externalisation d’activités sont d’ores et déjà en cours : après le Commissariat d’Orly l’année dernière, citons la sous-traitance de la Correspondance Bagages à CDG, celle des Cars AF, le Fret à Mulhouse...
  • De plus, le nouveau produit court et moyen courrier va impliquer une diminution de la composition équipage ( et une dégradation de leurs conditions de travail ) ... peut-être avant la création d’une filiale « low cost » par la holding (c’est ce qui existe dans un grand nombre de compagnies aériennes).
  • L’actuelle direction prévoit un milliard d’€ d’économies réalisées dans les trois ans à venir, incluant les synergies avec KLM. Comprenons bien que désormais l’obsession des futures directions sera la recherche de ces économies, pour satisfaire l’actionnaire.
  • Cette même logique financière amène à des choix économiques significatifs : choisir systématiquement de remplacer l’achat d’avions neufs par le système de la titrisation ( système de leasing qui permet aux banques de récupérer directement les avions en cas de problèmes financiers, et donc du patrimoine en moins pour indemniser les salariés en cas de dépôt de bilan : voir Air Lib sous la direction du grandiose J.C. Corbet, ex patron du premier syndicat de pilotes AF ) ; vendre le Siège de Roissy pour en devenir locataire, permettant là aussi d’améliorer les résultats financiers d’Air France, mais en diminuant toujours son patrimoine.
  • Cette évolution de la compagnie impose évidemment aussi de mettre au maximum la pression sur les salariés. Par la compression des effectifs, par la stagnation des filières et l’absence de toute progression salariale.

Des agents de plus en plus nombreux refusent de se laisser anesthésier par le discours « rassurant » du président d’AF, discours relayé par certains syndicats, avec une mention particulière pour le syndicat des cadres CGC !

Les assistants de Piste à Orly, à Roissy, à Toulouse, à Nantes ..., les chefs avion de Roissy et d’Orly, les salariés du Fret se mobilisent aujourd’hui pour leurs filières et leurs salaires. En s’invitant au dernier CCE pour exiger l’ouverture de négociations, les chefs avions sont venus rappeler aux dirigeants ces réalités élémentaires : les salariés d’Air France ne sont pas les futurs patrons de la First World Airline Company. L’ « échange salaires-actions », l’ « offre réservée aux salariés » - que l’on va nous vanter sur papier glacé dans les semaines à venir - servent surtout à faire oublier que le pouvoir d’achat est quasi gelé. Pour conclure, tous les « salariés actionnaires » de compagnies comme la défunte Swissair ont parfaitement compris que « salarié » et « actionnaire » ne signifie pas forcément, et de loin, intérêts communs !

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