Reprise en vue mais quel sera le plan de « reconstruction » de la direction ?
La semaine s’annonce cruciale avec ce vendredi un CSEC extraordinaire sur le projet d’orientations stratégiques et les conséquences sur la Gestion Prévisionnelle des Emplois et des Compétences. En langage simple, nous devrions en savoir plus sur les coupes prévues par la direction, car en guise de vision, c’est un démantèlement d’Air France qui s’annonce avec des suppressions de postes (rupture conventionnelle collective pour les PN, plan de départ "volontaire’ pour le personnel au sol), la restructuration du court courrier et le transfert vers Transavia, sans compter la possibilité d’un Accord de Performance Collective pour ceux qui resteront .... D’ores et déjà, suite aux fuites orchestrées dans la presse, une intersyndicale s’est exprimée via une lettre ouverte au gouvernement. Le tract de Sud Aérien est disponible ici.
Contexte Air France
Une vraie reprise de l’activité, bien sûr pas à la hauteur de 2019, mais malgré tout, en progression constante. Les fréquences de vols passent de 26 en avril, 41 en mai à 238 en juin et 840 en juillet et août où 85% des destinations seront desservies.
L’offre globale sera de 35% en juillet et 40% en août, donc bien supérieure au 30% annoncé pour le 3e trimestre le mois dernier.
Le Cargo a bien fonctionné, les fréquences augmentant chaque semaine. Des avions passagers ont été adaptés à cet effet.
Les réservations montrent une reprise forte sur le domestique, à 50% de 2019 mais en progression constante.
Bref, et malgré des protocoles sanitaires très stricts (par ex sur Shanghai, prise de température en vol, système de bonus/malus) impactant aussi l’opérationnel (la désinfection des cabines engendre une perte de temps sur les demi tours, le temps de correspondance doit être augmenté), la reprise est bien réelle.
D’un point de vue économique, forcément ce n’est pas florissant avec de grosses pertes de recettes en avril/mai. Les emprunts garantis par l’état permettent d’amortir le choc mais la direction annonce des pertes « colossales » pour 2020 et table sur une recette unitaire en baisse du fait du risque de concurrence accrue à la reprise.
Par rapport aux informations parues dans la presse et abordées par le ministre de l’économie sur un plateau de radio, N.Nelson nous renvoie à la présentation du plan de « reconstruction » début juillet lors d’un CSEC extraordinaire qui donnera lieu aussi à présentation de la Gpec.
De notre côté, il serait aberrant de se défaire des compétences des salariés car derrière la crise, il y aura la reprise et la nécessité d’être prêt à ce moment-là. La direction devrait discuter son plan industriel (notamment sur le réseau domestique) avec toutes les parties prenantes et pas seulement les organisations de pilotes. Il ne faudrait pas que, sous couvert de crise, la direction en profite pour sabrer complètement l’activité court-courrier et tout passer à Transavia avec un impact désastreux sur l’emploi en escale. Les salariés ne sont en rien responsable de la crise sanitaire et pourtant, ces sont eux qui devront en subir les conséquences en terme d’emploi (les suppressions de postes), de conditions de travail (à la sauce low cost) et de salaire (gel des rémunération). Les actionnaires privés, eux, n’ont pas mis la main à la poche et sans aucun risque attendent de récolter les fruits de notre travail. Et les banques, qui ont prêté de l’argent au taux usuraire de 5% se frottent les mains.
N.Nelson n’a pas répondu à nos questions, nous renvoyant aux annonces qui seront faites début juillet en CSEC.
A nos questions, le DRH a répondu que :
La diminution de prise en charge du chômage partiel par l’état au 1er juin (60% du brut) ne concernait pas le transport aérien
Que les cadres au forfait conservent leurs CJT, les autres perdent HI et RTT et c’est comme ça
Que les CJT peuvent être posés sur les journées chômées (au contraire de ce qu’il avait affirmé en CSE d’avril)
Réouverture des sites DGSI
Le CSE était consulté sur le plan de déconfinement et de réouverture partielle des sites.
Un point majeur d’achoppement pour la quasi-totalité des élus : l’inscription au règlement intérieur de l’obligation pour un salarié malade du Covid de le signaler au médecin du travail, et après entretien avec ce dernier, de potentiellement le signifier à son manager. Les élus ont pointé le risque de sanctions, sur un sujet qui est du domaine du secret médical, ce qui a justifié un vote quasi unanime contre.
Vote : CONTRE:CFDT /UNSA /SUD, ABSTENTION : FO
Activité DGSI
La DGSI travaille actuellement en moyenne à 61%, donc une activité en croissance régulière. Malheureusement, les élus ont pointé une situation contrastée avec le risque pour certains de se sentir dévalorisés par rapport à leurs collègues. Rappelons que sur cette individualisation du temps de travail, la direction est dans l’illégalité la plus totale puisque les règles définies par ordonnance récemment ne sont pas respectées.
Le budget 2020 de l’IT groupe est en phase d’évaluation : 130 à 140 M€ pour l’innovation (au lieu de 272 M€). Trop tôt pour le budget 2021 mais des estimations à -33% pour l’innovation et -25% pour l’Isip. Donc des baisses significatives qui accompagnent la situation de la compagnie.
Projet Mohikan
Pour rappel, il s’agit du déménagement de nos mainframes z/Os chez IBM en Belgique. La cible est fin 1er trimestre 2021. Ce contrat inclut une reprise de l’activité d’ingénierie par IBM, en fonction des départs (retraite, mobilité) des internes AF.
Des discussions sont actuellement en cours pour vérifier la qualité de service assurée par IBM (il serait temps !).
A notre question, le directeur confirme que les internes peuvent rester sur leur poste aussi longtemps que souhaité.
Le risque est sans doute qu’une fois commencé à détricoter, la motivation du personnel interne s’émousse et l’intérêt de rester dans une telle organisation mixte devienne de plus en plus limité. Ces services seront inclus dans le périmètre d’un (éventuel) PDV.
Nous ne reviendrons pas ici sur le gâchis en termes de motivation que représente cette opération, dont la direction s’est toujours félicitée (gain financier). Il y a là des collègues passionnés, très investis, dont le travail aurait pu perdurer si la décision en avait été prise, avec formation de la relève, ce qui a toujours été refusé par la direction (A.Riche à l’époque).
Organisation ISR des OPS : équipe Back office
Revirement de situation pour cette équipe qui regroupe les anciens adjoints d’exploitation. Après avoir attendu un responsable pendant plus d’un an et demi, et face à la vacance du poste (colorisé KLM), le directeur nous annonce que chaque équipe Back office sera rattachée au responsable d’exploitation local. Retour aux sources donc.
Cette organisation avait été très décriée par les principaux concernés, cette annonce devrait donc les satisfaire. Mais que de temps perdu !
Réinternalisation des développeurs
Sur la base du volontariat, moyennant une petite remise en jambe (formation de 8 jours ½), le directeur attend entre 20 et 30 internes qui pourraient venir en renfort sur des missions de développement.
Pas de revalorisation du métier prévu, pas de gratification particulière pour preuve de (très) bonne volonté mais le mécanisme habituel d’EAP. A voir si les collègues vont être intéressés.
Ce chiffre est très limité comparativement au nombre de collègues sous-traitants qui travaillent habituellement à nos côtés, et on est plus près du bricolage que de la réinternalisation du dev.
Fermeture du site de Paray Vieille Poste
Nombreuses questions sur ce sujet qui a fait l’effet d’une bombe le mois dernier. Pas de réponse toutefois, N.Nelson renvoyant à l’étude qui démarrera en septembre. Pas de réponse, et pas de garantie non plus que l’étude inclura bien la possibilité de rester en région parisienne sud.
Situation extrêmement angoissante pour les Paraysiens, dénoncée par la totalité des élus, avec un risque de souffrance très fort. La réalisation devant se faire en 2022, elle impacterait de très nombreux collègues.
La direction annonce des ateliers participatifs mais le coup a déjà été fait pour les open spaces de Paray, chacun pourra juger de l’écoute et de la prise en compte des remarques des salariés. Seule une réaction forte des intéressés pourra éventuellement faire renoncer ou évoluer la direction.
Situation des sous-traitants
Un élu fait remarquer la situation précaire des sous-traitants d’AF dont les employeurs n’hésitent pas à se débarrasser (licenciements pour faute sous prétexte fallacieux). Le DRH répond que la charte éthique a été communiquée à tous et que AF est donc en règle.
On n’en attendait pas moins : évidemment que le sort des sous-traitants n’intéresse pas la direction, il faut être bien naïf pour s’imaginer le contraire, charte éthique ou pas. Et c’est bien pour cette raison que les directions raffolent de la sous-traitance : ne pas avoir à gérer les humains qui travaillent pour vous. Et c’est bien pour cette même raison qu’à Sud Aérien, on réclame de l’emploi interne, et pas de la sous-traitance qu’on fera valser au gré de renouvellement de contrat.
A notre question sur le déménagement du Chapitre à la Barigoude, et au fait qu’il n’y aura plus de place pour héberger des sous-traitants éventuels, N.Nelson confirme que c’est bien le but : densification des sites et sous-traitants hors site ! C’est un bouleversement dans nos façons de travailler, auxquelles une grande majorité de salarié est opposée, aussi bien pour des raisons humaines (les relations que nous avons tissé avec nos collègues prestataires) que professionnelles (une perte d’efficacité importante). Le directeur qui n’a jamais caché son souhait de sortir les sous-traitants des sites Air France ne se prive pas d’une si belle aubaine.
Sur la prévenance des changements de taux d’activité partielle (ou de changement de jour de travail), le DRH fera un rappel pour respecter un délai de 7 jours : il n’est pas possible que certains soient appelés le vendredi pour bosser le lundi.
Politique sociale de la DGSI
Effectifs : La pyramide des âges reste plus que fragile (dans 10-12 ans, la moitié des informaticiens sera à la retraite). Malgré une politique ambitieuse, les embauches n’arrivent pas à inverser suffisamment la tendance. Les effectifs sont malgré tout en hausse de 3% en 2019. Les embauches 2019 ne sont pas à l’objectif : 65 au lieu des 100 prévues. Comme les embauches risquent d’être compromises pour les années à venir, on ne peut que s’interroger sur le futur de la DGSI : veut-on une informatique interne forte et pérenne ? On ne peut qu’en douter.
Coûts de sous-traitance en légère baisse : 137 M€ (au lieu de 139 dont 100M€ pour le DEV). Mais les chiffres de la direction sont-ils vraiment fiables ?
Rémunération : net avantage aux CG3. Alors que l’échelle de salaires entre niveaux est à peu près régulière (+1000 € entre technicien et CG1 et entre CG1 et CG2), le vrai fossé est entre CG2 et CG3 : plus de 3000 € de différence. Nos CG3 sont très bien payés ! Écart justifié ? Nous vous laissons libres de tout jugement. Les élus ont par ailleurs pointé la forte augmentation (+7%) pour les hommes CG3, après déjà une augmentation de +6% en 2018.
Le DRH nous explique à nouveau qu’il s’agit de petites populations, que la moyenne est vite affectée par la moindre arrivée ou départ. N’empêche … Ces hauts salaires sont renforcés par l’effet PVI (prime variable individuelle) portée aux nues par certains syndicats, indexée sur le revenu. Effet mécanique et boule de neige assurée.
CJT : 60% des cadres sont maintenant en CJT. Si on met de côté la trentaine de CJTR (temps partiel en CJT), l’augmentation est due à des services qui faisaient beaucoup d’heures écrêtées à qui on a proposé de passer au CJT. Une façon de discrètement régler le problème de la charge de travail trop importante et des moyens insuffisants mis en regard ….
Accidents du travail : en hausse, ainsi que le nombre de journées perdues et le taux de fréquence. Pas de remarque des commissaires CSSCT sur le sujet …
Relations sociales : chute du nombre de sessions de CSSCT, -35% sur les heures de mandat … La mise en place des CSE est passée par là et profite grandement à l’employeur (elle était faite pour cela). Des moyens en moins pour défendre les salariés, étudier les dossiers, faire les visites de sites …. On ne peut que constater l’ampleur des dégâts.
Travailleurs handicapés : un taux d’emploi en hausse mais un taux d’emploi direct en baisse et pas d’embauche en 2019
Promotions : en chute (-22%) en 2019
Frais de sous-traitance : on note 750K€ pour Kea partners, qui a apporté un soutien méthodologique sur ISR puis New Deal. Bien payé pour un boulot qu’on pourrait attendre de nos cadres sup’
Rapports des médecins du travail : risque RPS mentionné par le médecin de Valbonne et un taux de demandes de visites spontanées à Roissy de près de 9% (4% ailleurs) nous interpellent et auraient mérité selon nous, une investigation par les commissaires de la CSSCT.
Constatant la chute drastique des moyens syndicaux, le fossé de rémunération entre CG2 et CG3 renforcé par une hausse importante de salaire des Hommes CG3 pour la 2e année consécutive, la courbe des âges toujours défavorable, les embauches 2019 sous l’objectif des 100 prévues (65 seulement) et le ralentissement des promotions, nous votons contre le bilan social, la politique sociale, les conditions de travail et l’emploi.
Vote Bilan Social 2019 : CONTRE unanime ! C’est assez rare pour être souligné
Vote Politique Sociale : CONTRE : SUD/CFDT /FO, ABSTENTION :UNSA
Papripact et DU
Derrière ces acronymes se cachent le Document Unique qui liste les risques de nos métiers, et le Programme Annuel de Prévention des dits-risques qui décrit les actions mises en œuvre par la direction pour pallier ces risques.
Nous avons souligné la nette amélioration du DU avec de nombreux risques maintenant pris en compte (fatigue oculaire, open spaces et flex shares, équipes mixtes…) mais il manque toujours le risque lié à l’occurrence des déplacements professionnels (nombre de déplacements dans la semaine/le mois).
Pour le Papripact, on tombe des nues en constatant que le risque « open space » se règle en changeant le mobilier et densifiant les bureaux (ex bât Oscar de la Barigoude) ! Encore plus de bruit, encore moins d’intimité et bien loin des 11 m2 recommandés par l’INRS, les salariés sont pressés comme des sardines dans des locaux de plus en plus exigus ! En ces temps d’urgence sanitaire, difficile de respecter la moindre distance sociale dans ces conditions.
Vote DU : ABSTENTION : SUD/UNSA /FO POUR :CFDT
Vote Papripact : CONTRE :SUD, ABSTENTION : UNSA /FO, POUR :CFDT