Les partisans des fonds de pension proposent de rajouter un étage supplémentaire au système de retraites. Ainsi, pour les salariés de droit privé, à la retraite issue du régime général de la sécurité sociale et à celle issue des retraites complémentaires viendrait se rajouter une retraite issue de la capitalisation individuelle. Remarquons tout d’abord que les salariés qui le désirent peuvent déjà avoir accès à de l’épargne de long terme pouvant être utilisée pour la retraite (SICAV, assurance-vie...).
Baisser le montant de la retraite par répartition
Pourquoi donc vouloir alors créer de nouveaux produits ? D’abord, en généralisant un complément retraite par capitalisation, on pourrait ainsi justifier une baisse du montant des pensions de la retraite par répartition. Ensuite, en généralisant et en amplifiant le recours à la capitalisation, on aboutirait à moyen terme à un changement de logique, la retraite par répartition dépérissant progressivement au profit des retraites par capitalisation. Tout cela se ferait pour le plus grand profit des banques et des compagnies d’assurance qui lorgnent depuis des années sur le « marché des retraites », les salariés n’en tireraient aucun bénéfice. Ils devraient cotiser deux fois, une fois pour la retraite par répartition, une fois pour la retraite par capitalisation et sans aucune garantie sur le montant de leur future pension.
Jouer sa retraite en Bourse
En effet, non seulement la retraite par répartition baisserait, mais les fonds de pension ne s’engagent jamais sur un montant de retraite. Ils sont « à cotisation définie » et la pension versée est strictement dépendante de l’état des marchés financiers au moment de prendre sa retraite, et après. Bref, avec ce système, on joue sa retraite en Bourse ! Ainsi, les quatre principales compagnies d’assurance britanniques qui offrent des produits d’épargne - retraite ont écrit à leurs clients pour leur indiquer qu’elles seraient dans l’incapacité de leur verser le montant de la pension sur lequel elles s’étaient engagées et pour les inciter à se retourner vers le système public de retraite. Une situation similaire existe dans les autres pays européens où le système par capitalisation est dominant, sans parler des Etats-Unis, où des centaines de milliers de salariés ont perdu leur retraite en même temps que leur emploi. Enfin, le développement de la capitalisation entraîne toujours une aggravation des inégalités sociales. Aux USA, pays référence, les 2/3 des titres des fonds de pension sont possédés par moins de 10% des salariés et 57% d’entre eux n’y cotisent pas par manque de moyens. Une situation à ne pas reproduire en France !